
Mardi 12 avril 2022, à l’occasion de la représentation d’Hamlet, des élèves en 1ère année de BTS Métiers de l’audiovisuel du Lycée Evariste Galois à Noisy le Grand ont pu rencontrer Jérémie Le Louët, metteur en scène et comédien de la pièce.
Jérémie Le Louët a d’abord présenté la Cie des Dramaticules (création en 2002, 11 spectacles au plateau, une vingtaine de spectacles hors les murs). Puis il a évoqué son parcours (sorti de l’école de théâtre en 2000 et directement sur les planches, première mise en scène avec Macbett de Ionesco en 2005). Enfin, il a abordé la pièce en présentant son intention, c’est-à-dire ses choix de mise en scène : la pièce jouée est celle des souffleurs, fidèle à l’esprit du théâtre élisabéthain, et la mise en scène prend en compte toutes les lectures d‘Hamlet, notamment celle de Freud et Victor Hugo. Le metteur en scène a insisté sur son envie de rompre la limite entre fiction et réalité (en jouant du procédé du « théâtre dans le théâtre » cher à l’époque baroque), ainsi que sur l’importante de la scénographie et de la lumière.
Ce temp a permis au metteur en scène de faire également connaissance avec le groupe, car les élèves ont pu lui poser toutes les questions qu’ils souhaitaient : comment a-t-il eu envie de faire du théâtre ? Comment monte-t-on une troupe ? A-t-il une spécialité dans la mise en scène ? Cette version d’Hamlet est-elle une interprétation littérale ? Comment finance-t-on une pièce ? Combien de temps faut-il pour adapter une pièce ? …
Dans un second temps, les élèves ont pu passer à la pratique avec une mise en situation. Ils ont travaillé le sens de la rupture à travers deux exercices.
Le premier exercice a commencé avec deux élèves. Ils ont tout d’abord du se mettre au centre sans posture, de façon neutre (comme des joueurs de babyfoot). Puis l’un des élèves devait regarder le public tandis que l’autre avait interdiction de le faire. Celui qui avait le regard sur le public devait regarder un par un chaque élève et varier le rythme, puis passer le regard à l’autre. Les élèves ont ainsi pris conscience que celui qui avait le jeu entre les mains n’était pas forcément celui qui avait le texte. Ils ont fini par faire l’exercice à quatre, ce qui complexifiait les choses et exigeait beaucoup de rigueur et de précision. Ainsi la citation « acting is reacting » a pris tout son sens.
Pour le second exercice, Jérémie Le Louët a fait appel à deux nouveaux participants. Mais cette fois-ci, il a établi de nouvelles règles car ils avaient déjà bien intégré les anciennes. La première consigne était : quand le metteur en scène tape dans les mains, celui qui n’a pas le regard doit se déplacer. Puis la règle a été inversée : quand le metteur en scène frappe dans les mains, c’est celui qui a le regard qui se déplace. Enfin les deux contraintes ont été combinées, les élèves devant changer de règle à chaque signal ; et enfin, décider eux-mêmes du changement de contrainte, simplement en se passant le regard. Là encore, les élèves ont fait l’expérience de la difficulté de l’exercice, et de l’extrême concentration qu’exige le théâtre lorsque l’on veut que les acteurs jouent réellement ensemble.
Ainsi ils ont découvert que le comédien n’était pas que dans l’expression de lui-même, qu’il était également porteur de langages grâce à son jeu, et au langage de son jeu physique.